La mythologie martienne

Mars, si proche et si lointaine, a déclenché bien des passions. Au travers de l’histoire, Mars a servi d’écran de projection aux idées les plus fantasques des hommes et des désirs de leur temps.  Retour sur les plus grands mythes martiens.

De par son nom, Mars est déjà forte de sens. Les Romains ont associé sa robe rouge à la couleur des champs des batailles que le dieu de la guerre, livrait. Déjà dans certaines cultures antiques, l’apparition de Mars dans le ciel était signe de désastre.

Les mythes martiens et les scientifiques

Au XVIIe siècle, hormis son manque d’atmosphère et le climat glacial, il est établi que la planète Mars présente des caractéristiques semblables à la Terre : des calottes polaires, une durée de rotation quasiment identique et des saisons. Pour certains, il n’est pas impossible que Mars soit habitée, ou abrite une forme de vie extraterrestre.

Carte de Mars par Giovanni Schiaparelli

Au XIXe siècle, l’italien Schiaparelli observe ce qu’il pense être des “canali”, des chenaux naturels, improprement traduits par canaux. Il n’en faut pas plus pour qu’une génération d’astronomes s’emballe et pense à l’existence d’une vie intelligente assez évoluée pour concevoir de telles constructions. Le terme canal a une résonance toute particulière à l’époque des grands travaux des canaux de Panama et de Suez (voir Histoire de l'observation).

 

Après lui, d’autres scientifiques (non-astronomes) continuent de croire en la vie sur Mars, au point que certains tentent d’entrer en communication avec la planète rouge. À l’image de Nikola Tesla, qui affirma avoir reçu des ondes radio provenant de Mars. D’autres encore érigèrent d’immenses miroirs pour refléter la lumière du Soleil, reflet qui serait “immanquable” si des Martiens observaient la Terre depuis leurs instruments. Ces pratiques qui n’ont pas connu de succès, montrent bien que la planète Mars a inspiré tous les hommes et pas seulement des astronomes.

 

Le visage de Mars, dans la plaine
Cydonia Mensae
Crédit : NASA/Viking 1

Néanmoins, les mythes ont la vie dure. Il suffira du survol de Viking Orbiter 1 en 1976, et d’une de ses photographies, pour relancer le débat autour de la présence de vie intelligente sur Mars. Le cliché semblait montrer un visage gravé à la surface de Mars. Peu après, grâce à de nouveaux clichés, il a été conclu que ce n’était que des reliefs, et que le visage de Mars était seulement issu de l’angle de la photographie et de la luminosité du moment.

Trois clichés différents du visage de Mars
Viking 1 en 1976, Mars Global Surveyor pour 1998 et 2001
Crédit : NASA/Viking1, Mars Global Surveyor

 

Les martiens dans la fiction

Couverture du roman
"A princess of Mars"

Les martiens sont également appelés les “petits hommes verts”, mais d’où vient cette expression ? Il faut aller voir du côté de la science-fiction pour le savoir. Il s’agit de la description des habitants de Mars par le romancier Edgar Rice Burroughs dans son livre “Princess of Mars”, publié en 1917. Ils n’ont de petit que les oreilles, puisqu’ils sont plus grand qu’un homme.

Les oreilles, légèrement au-dessus des yeux et presque côte à côte, étaient de petites  antennes cupulaires, ne dépassant pas plus que la hauteur d'un pouce chez les jeunes spécimens. Leur nez était remplacé par des fentes longitudinales au centre du visage, à mi-chemin entre la bouche et les oreilles.

Ils étaient imberbes et leur corps était d'une couleur très légèrement vert jaunâtre. Chez les adultes, ce que je devais apprendre bientôt, cette couleur vire au vert olive et le mâle est plus foncé que la femelle. De plus, la tête des adultes est en proportion avec leurs corps, ce qui n'est pas le cas pour les jeunes

Une autre œuvre qui a défrayé la chronique est sans nul doute l’adaptation radiophonique de la “Guerre des mondes” écrit par Herbert George Wells (en 1898) et interprété par Orson Welles sur la chaîne de radio CBS en 1938. Le récit raconte une invasion martienne aux États-Unis et bien qu’il ait été précisé à plusieurs reprises qu’il s’agissait d’un canular, plus de quelques milliers d’auditeurs prennent les routes pour échapper au cataclysme. La “Guerre des mondes” était cependant plus qu’un récit passionnant de science-fiction, mais une véritable satire du colonialisme de l’Angleterre Victorienne.

Après le démenti des canaux de Schiaparelli, une nouvelle ère commence pour la conquête martienne. Il s’agit de moins en moins d’invasion extra-terrestre sur la Terre, mais de plus en plus d’invasion terrienne sur Mars, qui est redevenue la planète déserte qu’elle a toujours été. Il est alors question de colonisation, d’habitabilité, ou encore, de terraformation.

 

L’homme sur Mars, un mythe moderne ?

Même si certains guides touristiques de la planète Mars ont vu le jour (Lagrange et Huguet, 2003) et nous laissent miroiter de somptueuses balades sur la planète rouge, il serait facile de croire qu’envoyer l’homme sur Mars est simple. Malgré des technologies de plus en plus innovantes, des obstacles se dressent : la durée du voyage, le confinement dans un espace réduit, les problèmes psychologiques qui en découlent, ou encore le bombardement des radiations du Soleil. Il faut aussi se poser la question de l’habitation sur place : à l’extérieur et soumis aux radiations ? Sous la surface ? Et comment transporter tout le matériel nécessaire à la colonisation de Mars ? Sommes-nous prêts à faire pousser des pommes de terre sous tente ? Autant de questions qu’il faut envisager et pour lesquelles les technologies doivent encore faire des progrès.

M.C.

 

Pour tout savoir sur la question de l'homme sur Mars, achetez notre hors-série n°27.

Ou en version numérique