Histoire de l'observation

Observation de la planète Mars, de l'Antiquité à nos jours

De par son éclat et sa couleur ainsi que par la trajectoire étrange qu’elle décrit dans le ciel, Mars a depuis toujours fasciné les astronomes.

De l’Antiquité à la Renaissance, les astronomes de l’époque ont toujours cru que le Soleil et les planètes tournaient autour de la Terre.

Antiquité
Aristote pense que l’Univers est composé d’un emboîtement de sphères représentant les orbites des objets célestes autour de la Terre : la Lune, Mercure, Vénus, le Soleil, Mars, Jupiter, Saturne, et la dernière sphère représentait les étoiles fixes. Cependant, Ptolémée observe le mouvement rétrograde de Mars et comprend que le modèle d’Aristote n’est pas aussi simple que cela. Il établit alors un nouveau modèle, composé de plus de 50 sphères pour rendre compte des mouvements d’éloignement et de rapprochement de certains astres. Ptolémée introduit la notion d’épicycles : chaque planète tourne en suivant un petit cercle qui tourne lui-même le long d’un cercle plus large.

Renaissance

Le premier à imaginer un autre modèle est Copernic. Dans son modèle, présenté dans le traité Commentariolus paru en 1513, la Terre et les planètes tournent autour du Soleil, mais le mouvement étrange qu’effectue la planète Mars dans le ciel le perturbe et il n’arrive pas à l’expliquer, ce qui rend sa théorie incomplète. Tycho Brahe va s’intéresser à l’astronomie et recueille précisément les positions des planètes, dont Mars, pendant une grande partie de sa vie. Il n’est cependant convaincu ni par le modèle de Ptolémée, ni par le modèle de Copernic. Tycho Brahe va alors faire un savant mélange des deux : le Soleil tourne autour de la Terre et entraîne avec lui les autres planètes. C’est Kepler, son élève, qui en analysant des données d’observation des mouvements de la planète Mars dans le ciel et en s’aidant du modèle de Copernic, va finalement déterminer la trajectoire elliptique que parcourt la planète rouge. Le modèle héliocentrique de l’Univers va peu à peu prendre de l’importance au sein de la communauté des astronomes et auprès du grand public.

Lunette de Galilée

Nous devons la première observation de Mars dans un instrument à Galilée, en 1610, qui construit la première lunette d’observation qui ne grossissait que 20x. Mars a été dessinée pour la première fois par Huygens en 1659. Il observe une plaine sombre, qui sera appelée plus tard Syrtis Major et grâce à ses observations, en déduit la période de rotation de Mars, quasiment égale à la Terre. Tandis que son rival, Cassini, observe pour sa part les calottes polaires aux deux pôles de la planète.

Dessin de Huygens en 1659
Crédit : Camille Flammarion,
la Planète Mars

Après l’opposition de Mars en 1877, des croquis d’un autre genre apparaissent au sein de la communauté des astronomes. Notamment Giovanni Schiaparelli qui y fait figurer des “canali” qu’il aurait aperçu sur la surface de la planète. Cependant, ce terme canali évoquant des chenaux naturels a été improprement traduit par des canaux, qui évoquent l’idée de construction. Il n’en faut pas plus à certains pour croire que des extraterrestres ont bâti des canaux d’irrigation pour abreuver les plaines arides de l’équateur martien. Il s’avère que ces “canaux” n’étaient qu’une illusion d’optique causée par des taches sombres qui se succédaient sur la planète, et qui, au loin, ressemblaient à des formes rectilignes. Il faut noter qu’à l’époque des grands travaux du canal du Panama (1882) et du canal de Suez (1859), les astronomes ont peut-être eu tendance à en voir partout.

Avec l’amélioration des instruments d’observation, cette théorie des canaux martiens disparaît rapidement. Les premières images de Mars laissent supposer que la planète est glaciale et poussiéreuse, sans aucune trace de vie à sa surface. Désormais, l’observation de Mars se fait en grande partie depuis l’espace, et même depuis sa surface.

M.C.

Le télescope Hubble nous envoie des photos
de l'espace et du ciel profond
Crédit : NASA

 

La surface de Mars vu par la sonde Viking 2
Crédit : NASA