L'image de la semaine - Piliers de la création

Le Webb et le secret des « piliers de la création »

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Une main qui s’élance dans le ciel. Des doigts de gaz qui désignent, au milieu des étoiles, la complexité de la nurserie céleste. Voilà l’image tant attendue des fameux « piliers de la création » réalisée par le nom moins célèbre télescope spatial infrarouge James Webb !

Pour le détail astronomique, nous voici dans une zone de formation d’étoiles située au cœur de la nébuleuse de l’Aigle, nommée Messier 16, à 6500 années-lumière de la terre. Composée de gaz et de poussières interstellaires ces structures s’expliquent par l’émission de radiations très puissantes qui déforment la nébuleuse dans laquelle des étoiles – dont des géantes – se forment. On apprécie là toute la violence de l’événement qui crée des ondes de choc, lesquelles compriment dans des directions particulières les nuages de la nébuleuse qui prennent alors la forme de colonnes, de piliers.

L’événement n’est pas unique. Il a été repéré dans de nombreuses régions de formations d’étoiles comme la nébuleuse de la Carène, déjà imagée par le télescope de la Nasa. Ce qui l’est c’est la symbolique de l’image. L’une des plus célèbres de l’astronomie moderne après que le télescope spatial Hubble, en 1995, ai « révélée » la scène aux yeux du monde. Travaillée par des spécialistes de l’imagerie, pour
augmenter ses contrastes et ses couleurs, elle symbolise à merveille les processus de naissances des étoiles dans l’Univers. De « création » écrit la Nasa. Le mot n’est pas choisi au hasard. Sa charge symbolique et la référence religieuse assumée se veut à l’image des peintures de Michel Ange dans la chapelle Sixtine. Le « doigt de Dieu » crée et transforme la matière inerte en complexité, voire… en vie. Las, si l’iconographie est efficace elle est fausse. Les astronomes ont montré que ces piliers sont en train de s’effondrer. Qu’ils se désagrègent à vive allure sous l’effet de la pression de radiation des étoiles géantes proches.

Mais ne boudons pas notre plaisir. Sachant cela, et n’étant pas dupes des mots et des intentions de leurs « créateurs », nous pouvons admirer la beauté des volutes gazeuses à travers lesquelles se devinent une infinité d’étoiles. Celles qui naissent ; celles qui meurent. Il n’y a rien qui dure toujours.

Alain Cirou

Photo Credits: NASA, ESA, CSA, STSCI

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