Le thème des Nuits

Les Nuits des étoiles reviennent à nouveau pour une 33e édition cet été, du 11 au 13 août 2023 ! L’occasion de découvrir ou redécouvrir le ciel estival grâce aux nombreuses manifestations prévues à l’occasion partout en France, ou depuis chez vous, en famille ou entre amis !

LES POUSSIÈRES CÉLESTES

« Souviens-toi, homme, que tu es né poussière et que tu redeviendras poussière ». Cette phrase, qui traduit un passage du Livre de la Genèse après qu’Adam soit chassé du jardin d’Éden est prononcée par le prêtre, dans le rite romain de la liturgie catholique, lors de l’imposition rituelle du mercredi des Cendres. Une pincée de cendres tracée en forme de croix sur le front des fidèles qui rappelle, depuis l’époque médiévale, l’importance accordée par la religion catholique au thème de la mort et de la brièveté de la vie.

Si, comme Galilée l’écrivait à la grande-duchesse Christine de Lorraine, en 1615, on ne peut ignorer que « l'intention du Saint-esprit est de nous enseigner comment on va au ciel, et non comment va le ciel », et faire une distinction claire entre la foi et la raison, alors les grains et les nuages de poussières célestes sont une merveilleuse façon de visiter le cosmos et d’interroger son origine, son évolution et son destin, avec le regard de l’Astronomie moderne.

Qui démarre, sous le ciel d’une belle nuit d’été, par les étoiles filantes de l’essaim des Perséides, dont le maximum d’activité est prévu dans la nuit du 12 au 13 août avec un taux pouvant atteindre 100 météores à l’heure. Des poussières, issues de la comète Swift-Tuttle, qui sont libérées par les glaces sublimées par la chaleur lors de chaque passage près du Soleil, et dont la queue est traversée chaque été par la Terre. « Les larmes de Saint Laurent » rappellent la fête de ce saint, à partir du 10 août, au moment où ces pluies de poussières deviennent plus nombreuses. Cette année, l’absence de Lune devrait favoriser leur observation dans un ciel bien noir.

Si les étoiles filantes déposent chaque année environ 5200 tonnes de poussières célestes sur la Terre, elles ne sont rien comparées à celles contenues dans les nuages qui peuplent l’espace. Autour de nous, tout d’abord, dans le Système solaire, dans un anneau où flottent des myriades de poussières piégées par l’attraction gravitationnelle de notre étoile. On peut les voir, dans certaines circonstances favorables dans la lumière zodiacale qui dévoile leur présence ténue dans la bande d’espace où se sont formées les planètes. Lesquelles sont, elles même, composées de poussières agglomérées en blocs compacts puis accrétées par un jeu de collisions multiples.

Des poussières encore et toujours dans les nébuleuses, là où se forment les étoiles. Et puis, autour de ces mêmes astres, dans les disques qui entourent ces nouveaux soleils, là où se forment des cortèges planétaires, sous-produits de la formation des étoiles. Des poussières, mêlées au gaz, sur lesquelles s’accrochent des molécules d’eau et de nombreux composés organiques complexes, fruits de la chimie du cosmos.

Avec les grands télescopes, au sol mais aussi dans l’espace – comme le nouveau James Webb déployé avec succès loin de la Terre – les nids de poussières se découvrent dans tout l’Univers. Dans les bras de la Voie lactée et au cœur de son noyau central, là où est tapi un trou noir géant. Dans les galaxies voisines, dans les amas lointains, et au plus loin où portent les yeux de cyclopes des astronomes, à 14 milliards d’années-lumière, se devinent de vastes concentrations de poussières. Aujourd’hui, grâce aux observations dans l’infrarouge, les scientifiques voient à travers ces nuages sombres et découvrent l’organisation de la matière à grande échelle.

Mais d’où vient cette poussière ? Quelle est son rôle dans l’architecture de l’Univers ? Qu’y lisons-nous dans ses archives les plus anciennes ?

Des étoiles filantes au fin fond du Cosmos, de la pierre à l’étoile, si proches et si lointaines, les poussières célestes sont le fil d’Ariane de ces nouvelles Nuits des étoiles 2023.

Protéger le ciel nocturne

Enfin, les Nuits des étoiles sont toujours l’occasion de se pencher sur la question de la protection du ciel nocturne. Outre les éclairages artificiels extérieurs toujours omniprésents près des grandes agglomérations, une nouvelle forme de pollution lumineuse est en train de prendre de l’ampleur dans notre ciel de nuit : celle produite par les satellites artificiels Starlink lancés massivement depuis 2019. En 2023, plus de 3900 satellites ont été placés sur orbite basse autour de notre planète, striant le ciel de trainées lumineuses intempestives et réduisant la qualité des observations astronomiques. L’AFA, au travers des Nuits des étoiles, vise à sensibiliser le grand public au sujet de la dégradation de la qualité du ciel nocturne.

Crédit : Michael Dales

CP