Sa majesté, le roi Soleil, est de retour. En pleine forme. Après des années de calme, notre étoile – la seule qu’on ne puisse observer la nuit – semble s’être réveillée et donne tous les signes d’une activité renouvelée. Depuis quelques semaines les observateurs signalent la présence de taches, de protubérances, d’éruptions brutales et violentes, à l’image de cette scène saisie par l’astrophotographe et artiste d’origine turque, Mehmet Ergün.
On le sait, le Soleil est éblouissant, et pour photographier la star de la semaine notre paparazzi s’est muni de puissants filtres qui ne laissent passer qu’une seule longueur d’onde, étroite, celle de la raie de l’hydrogène (H alpha). L’image obtenue nous montre ainsi toute la complexité et l’agitation de la boule de gaz en rotation. On y voit des taches sombres et claires ; des filaments qui, comme des cicatrices, strient un océan de bouillonnements surgi des profondeurs. Des milliers de spicules – selon la terminologie en vigueur –, des jets de plasma qui sont comme de longs tubes qui s’élèvent rapidement au-dessus de la « surface » et
s’éteignent à mesure que le gaz atteint sa plus haute altitude avant de retomber, de s’évanouir, puis de réapparaître au même endroit.
Le Soleil vibre en permanence, et ces spicules seraient le produit des ondes acoustiques qui le traverse. Elles n’ont pas plus de 500 km de diamètre et leur durée de vie ne dépasse pas dix minutes. Chaque seconde plus de deux millions de tonnes de particules s’échappent de la fournaise, poussées par le vent
solaire. Cette fuite, cette perte de masse, colossale, dure depuis plus de 4 milliards d’années.
Sur les bords de notre précieuse étoile, des flammes témoignent elles aussi de cette vigueur retrouvée. Des protubérances actives qui s’élancent au-dessus de la photosphère, guidées par de puissants champs magnétiques, et forment des arches brillantes et éphémères avant de s’évanouir ou de retomber dans l’océan gazeux.
On voit aussi sur cette image, en haut et à droite, notre bonne vieille Terre à l’échelle. On le sait, le diamètre du Soleil vaut 109 fois le diamètre de la Terre et sa masse est 330 000 fois plus importante, mais ces chiffres n’ont aucune réalité perceptible à l’entendement. Seule cette proximité, même artificielle, peut faire sens. De la même façon son activité cyclique, rythmée par des fièvres et une forte activité magnétique avec une périodicité moyenne de onze ans, n’est guère perceptible au commun des mortels. Même si notre civilisation, solaire, est de plus en plus dépendante de la prévision des colères de notre étoile.
L’armada de satellites qui entoure la planète, transmet les communications, la géolocalisation et toute une panoplie de services, est fortement exposée aux éruptions solaires et aux bombardements de protons capables de griller les équipements électroniques les plus sensibles. Bref, depuis le début de l’année notre Soleil est exceptionnellement actif, déjà proche des niveaux d’activité solaire vus il y a une décennie lors du dernier maximum. On ignore encore si cela va durer.
Alain Cirou
Image Credit & Copyright: Mehmet Ergün
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